Ce petit texte a été écrit pour une conteuse, mais elle l’a trouvé trop compliqué…
Ce petit garçon à la tignasse brune est disons un peu enrobé, d’aucuns diraient bien en chair, soyons honnête, Pablo est bien trop gros !
À l’école, ses camarades se moquent de son embonpoint et il en souffre, on le sait, entre eux les enfants peuvent être très méchants.
Quand il rentre à sa maison, il est malheureux. Heureusement, il a sa boule de poils pour se consoler, un mignon cochon d’Inde nommé pélota, tout aussi rondouillard que lui.
Un cochon d’Inde, c’est tout doux, mais petit, et Pablo qui grandit ne s’en satisfaisait plus.
En Colombie, là où il habite, vivent des
Des capiquoi ?
Eh bien, ceux sont des gros rongeurs de la taille d’un beau chien, une sorte de grand cochon d’Inde avec une tête de castor.
Pablo en demande un à ses parents, ceux-ci qui l’aiment, lui en achète un tout roux.
C’est un animal adorable, joueur, tout à fait ce qu’il lui fallait.
Il le promène en laisse, lui lance des balles, lui faire prendre des bains ; les capybaras adorent l’eau !
Ce qu’il aime le plus, c’est quand Pablo écoute de la musique, le capybara aime beaucoup et, naturellement, il se met à danser !
Le temps passe, Pablo qui est devenu grand, il n’a pas brillé dans les études et il a mal tourné, mais vraiment très très mal… Soit, mais il devient riche, très très riche !
Son petit capybara lui semble maintenant un peu ridicule, trop petit, beaucoup trop pour l’imposant personnage que Pablo est devenu.
Il cherche, il fouille dans les livres, à la télévision, dans les zoos, pour trouver un animal digne de sa nouvelle stature.
Mais c’est bien sûr ! L’hippopopotame, c’est cela qu’il me faut ! Presque aussi grand que lui, et ça pèse facilement deux tonnes, un hippopopotame.
Un seul serait bien mesquin pour sa très grande hacienda, alors il en achète quatre d’un coup, de gros hyppopopotames venus directement du Congo.
Il adore ses hyppopopotames, ce malfrat sait encore être tendre… mais pas avec tout le monde.
Il leur fait écouter de la musique, cumbia, mapalé, du mérengué, salsa, bref toutes les musiques sur lesquelles on danse en Colombie, des musiques qui vous donnent des fourmis dans les jambes, vous êtes obligé de danser.
Ses hyppopopotames en raffolent, dès qu’ils entendent ces airs joyeux, entraînants, tous se mettent à danser, danser, danser, danser jusqu’à s’en épuiser ; à la grande joie de Pablo.
Le nom de Pablo est Escobar ! Comme il a plus que mal tourné, et même bien pire que cela, la police lui réservera une fin tragique.
Oui, mais dans l’hacienda, les hyppopopotames laissés à eux-mêmes se retrouvent bien seuls.
Ils adorent prendre des bains, et ils ont un peu faim, alors naturellement ils déménagent dans la grande rivière d’à côté, le Rio Magdalena.
Pour manger, il leur faut de l’herbe ou des algues, tout cela pousse en abondance dans le Rio.
Ils sont heureux, très heureux, et quand on est heureux… Vous savez bien ? On a beaucoup beaucoup de petits.
De fil en aiguille, on compte aujourd’hui jusqu’à quatre-vingts hyppopopotames dans le Rio Magdalena.
Tout irait pour le mieux si les hyppopopotames restaient dans le Rio, mais depuis qu’ils y ont été habitués, ils ont une irrépressible envie de danser dès qu’ils entendent de la musique !
Quand ils passent à côté d’un village, que les sons des tambours, guitares, marimbas et trompettes chatouillent leurs oreilles, ils sortent de l’eau et s’en vont danser, danser, danser jusqu’à plus soif.
Les hyppopopotames, c’est lourd, c’est même très très lourd ; quand un seul hyppopopotame danse, il remue le sol, on le sent vibrer sous nos pieds.
Mais quand des dizaines d’hyppopopotames dansent ensemble, le sol tremble si fort que les murs des maisons se lézardent, au point qu’elles peuvent s’effondrer !
Les villageois sont très embêtés, car ils ne savent pas comment s’en débarrasser, un gros hyppopopotame ce n’est pas très commode… alors des dizaines !
Auriez-vous une idée pour aider ces malheureux villageois qui voient leurs villages réduits en poussière ?